"Je vois la femme dans une situation limite, intenable, dansant sur un fil au dessus de la mort"
A l'occasion de la journée de la femme, le Conseil Régional d'Ile de France organisait une grande journée de débats et conférences sur le thème de l'invisibilité de la femme. L'après-midi, la compagnie La Louve aimantée présentait une lecture-spectacle sur le thème de l’égalité femmes-hommes : "Liberté, égalité, féminité !". Voici un extrait choisi, parmi les nombreux textes de Marie NDiaye, Hubertine Auclert ou encore Yasmine Char qui ont été récités avec beaucoup de vergue et de conviction :
" En une matinée de cinq heures, elle fait le petit déjeuner des enfants, elle les lave, elle les habille, elle nettoie sa maison, elle fait les lits, elle fait sa propre toilette, elle s’habille, elle va faire les courses, elle fait la cuisine, elle met la table, en vingt minutes elle fait manger les enfants, elle hurle contre, elle les ramène à l’école, elle fait la vaisselle, elle fait la lessive et le reste, et le reste. Peut-être à trois heures et demie pourrait-elle pendant une demie heure lire un journal. Une bonne mère de famille pour les hommes c’est quand la femme fait de cette discontinuité de son temps une continuité silencieuse et inapparente. Alors l’homme est content. Ca va bien dans sa maison. L’homme du moyen-âge. L’homme de la révolution. L’homme de 2010. Avant c’était donc ainsi. Avant, de quelque côté que je me tourne, quelque soit le siècle dans l’histoire du monde, je vois la femme dans une situation limite, intenable, dansant sur un fil au dessus de la mort. Maintenant, de quelque côté de mon temps que je me tienne, je vois la starlette des offices médiatiques, de tourisme ou de banque, cette première de la classe pimpante et inlassable, au courant de tout de la même façon, dansant sur un fil au dessus de la mort".
Marguerite Duras
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