"Depuis que je me connais, j’ai toujours voulu être écrivain et durant de nombreuses années j’ai fait tout mon possible pour ne pas l’être. Je pensais que si j’arrivais à devenir écrivain, tout trouverait sa place et que moi, je trouverais la paix. Un jour, j’ai senti que j’en avais fait suffisamment pour me considérer comme écrivain et je me suis rendu compte que cela n’allait pas. Que la recherche n’était pas terminée, qu’il y avait une chose que je n’avais pas encore trouvée. Ecrire avait été un prétexte pour être, mais ce n’était pas suffisant."
Hier soir, dans l'émission "l'humeur vagabonde" de Kathleen Evin sur France Inter, émission toujours très bien réalisée, était diffusée une très belle interview de l'écrivain uruguayen Carlos Liscano. Né en 1949 à Montevideo, il est condamné à l'âge de 23 ans par le régime militaire et passera plus de 13 années en prison, après 6 mois de torture. C'est pour survivre à la barbarie, à l'isolement, à la folie, qu'il commencera à écrire. D'abord des bribes de roman qu'il élabore dans sa tête, avant de pouvoir poser les mots sur des petits bouts de papier. C'est un ancien détenu libéré avant lui qui les fera passer à l'extérieur et fera ainsi publier son premier roman alors que Liscano est encore emprisonné.
Au début de l'émission, est lu un extrait très fort, très beau, qui dévoile le questionnement de Liscano sur la condition d'écrivain et le rapport à l'écriture. Une émission à réécouter, avec un écrivain touchant, qui nous assure qu'au final, "vivre vaut presque toujours la peine".
Podcast de l'émission ici
L'écrivain et l'autre, de Carlos Liscano, éd Belfond, 2010
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